Apr�s six mois de transition au Burundi : poursuivre la guerre ou gagner la paix ?

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SYNTH�SE ET RECOMMANDATIONS
Six mois apr�s la mise en place du gouvernement de transition, les promesses de paix et de r�conciliation de l�accord d�Arusha n�ont toujours pas �t� tenues. Les n�gociations en Afrique du sud sur le cessez-le-feu entre le gouvernement et les diff�rentes factions rebelles n�ont abouti � aucun r�sultat concret. Au contraire, le principal mouvement rebelle, les CNDD-FDD de Jean-Pierre Nkurunziza, vient de r�cuser la facilitation du vice-pr�sident sud africain Zuma et propose que le processus soit rapatri� en Tanzanie. Sur le terrain, la guerre s�est intensifi�e et les positions des �tat-majors se radicalisent, laissant de moins en moins d�espace � la possibilit� d�une paix n�goci�e.
Pendant ce temps, la non-application de l�accord d�Arusha d�cr�dibilise de jour en jour ses promoteurs et augmente la tension �conomique et sociale, une situation ais�ment r�cup�rable par les � vautours �. Les �ch�ances politiques menacent d��tre remises en question, notamment l�alternance � l�issue des douze mois restants jusq'au terme de la premi�re transition.
Une des raisons de l��chec de l�approche actuelle est que les acteurs de la n�gociation ne veulent pas tous le � m�me � cessez-le-feu. A peine le pr�sident Buyoya fuit-il confirm� dans ses fonctions pour la transition, que l�arm�e a relanc� la guerre dans l�espoir d��craser la r�bellion et d��viter la r�forme des forces de s�curit� pr�vues par l�accord. Le FRODEBU, champion de l�accord d�Arusha, aurait voulu une n�gociation technique et rapide, permettant l�int�gration des rebelles dans l�arm�e pour �viter qu�ils n��mergent comme des concurrents politiques aupr�s de l��lectorat hutu. Mais pi�g� par son incapacit� � rallier la r�bellion derri�re son leadership et par ses propres divisions internes, le FRODEBU se retrouve fragilis�. Les autres partis signataires d�Arusha voient la n�gociation du cessez-le-feu comme la br�che qui r�ouvrira une n�gociation globale sur le partage des postes et cherchent � �tablir leurs propres contacts avec la r�bellion. Les groupes rebelles FDD et FNL, qui n�ont pas �t� parties � la n�gociation, veulent revisiter l�accord, faire monter les ench�res, voire faire tomber les institutions d�Arusha pour appara�tre comme incontournables. Devant la confusion, la facilitation sud-africaine et son partenaire tanzanien, de m�me que la communaut� internationale, sont tent�s de faire avaler de force l�accord � la r�bellion, par la pression, ou d�adopter une solution � � l�angolaise �, en imposant des sanctions .
Mais la n�gociation du cessez-le-feu n�est pas qu�une simple formalit�, ni le cessez-le-feu un slogan vide. Cette n�gociation est la phase la plus difficile et la plus critique du processus car elle menace des int�r�ts individuels et collectifs importants et risque de r�v�ler sous un jour plus cru la lutte pour le contr�le des institutions de s�curit� et pour les vrais leviers du pouvoir. Une facilitation, � multiples t�tes, press�e et ad hoc, ne pourra pas la mener � bien. Il est essentiel que les r�les du vice pr�sident Zuma, des pr�sidents Mkapa et Bongo soit clarifi�s, qu�une �quipe soit mise en place avec diff�rents points de contacts dans la r�gion, et que soient donn�s � ces derniers l�espace et les moyens n�cessaires pour n�gocier, entre eux d�abord, avec le gouvernement ensuite. L�objectif imm�diat est que l�arm�e et la r�bellion n�gocient une tr�ve afin de faciliter l�acc�s humanitaire aux populations d�plac�es et de soulager ainsi les souffrances de la population. L�objectif final est la n�gociation du chapitre III de l�accord d�Arusha sur le cessez le feu et la r�forme des forces de s�curit�.
Enfin il ne faut pas oublier qu�au moment de la signature d�Arusha, un consensus existait dans la communaut� internationale et r�gionale sur la n�cessit� d�appliquer une grande partie des mesures contenues dans l�accord. Se r�signer � laisser l�application de l�accord en d�sh�rence, otage du cessez-le-feu, est la plus s�re mani�re de condamner la paix au Burundi. Ce n�est que par la d�monstration d�une vision politique de r�conciliation et par des r�formes concr�tes que les raisons de la guerre dispara�tront pour la r�bellion. Ces r�formes doivent �tre soutenues, politiquement et financi�rement par une communaut� internationale vigilante.
RECOMMANDATIONS
A Nelson Mandela
Clarifier les r�les respectifs du vice-pr�sident Zuma, et des pr�sidents Omar Bongo du Gabon et Benjamin Mkapa de Tanzanie en adoptant une strat�gie claire de n�gociations.
Aux co-facilitateurs du processus d�Arusha, le vice-pr�sident Zuma et le pr�sident Bongo et au pr�sident Mkapa
Nommer imm�diatement une �quipe de soutien logistique � la facilitation, travaillant � plein temps pour l�obtention d�un cessez-le-feu au Burundi, et disposant de repr�sentants � Bujumbura et Dar-es-Salaam.
Garantir un traitement �quitable entre toutes les parties aux n�gociations, afin de recr�er la confiance avec les d�l�gations rebelles, en particulier s�assurer que les d�l�gations invit�es obtiennent et les documents de voyage et l�aide logistique n�cessaire.
N�gocier en priorit� une cessation temporaire des hostilit�s pr�c�dant l�ouverture des n�gociations pour un cessez-le-feu permanent en exigeant des parties le respect imm�diat du droit international humanitaire afin de faciliter le soulagement des souffrances des populations sur l�ensemble du territoire national. Solliciter des Nations Unies la mise en place d'un dispositif efficace de v�rification des termes de la tr�ve.
Aux bailleurs de fonds du Burundi
Mettre en place un dispositif de strict contr�le d�utilisation de l�aide, pour �viter tout d�tournement au profit de l�achat d�armement ou d�entretien des rentes de situation au profit de l�oligarchie politico-militaire de Bujumbura.
Financer en priorit� des projets b�n�ficiant aux populations rurales, notamment la r�insertion des r�fugi�s et d�plac�s.
Au Secr�taire g�n�ral des Nations Unies
Exiger l�installation imm�diate � Bujumbura du repr�sentant des Nations Unies devant diriger la Commission de Suivi de l�Application de l�Accord d�Arusha (CSAA).
Au chef de l�Etat Pierre Buyoya et au gouvernement de transition
Cesser imm�diatement toute offensive militaire contre les positions de la r�bellion et notamment les tentatives d��limination de son leadership; adopter des positions d�fensives afin de donner la possibilit� � la r�bellion de n�gocier une tr�ve.
Appliquer sans d�lai et sans attente de cessez-le-feu les mesures de l�Accord d�Arusha toujours en suspens, notamment: Ex�cuter les recommandations de la Commission internationale d�enqu�te sur la question des prisonniers politiques ; proc�der au remaniement des gouverneurs et repr�sentants de l�administration territoriale en excluant les officiers de l�arm�e burundaise de ces positions ; mettre en place l�unit� sp�ciale de protection des institutions compos�e de 50% de Hutu et de 50% de Tutsi ;
Pr�senter une position claire et un programme convainquant sur la question de la r�forme des forces arm�es, t�moignant d�une v�ritable r�solution politique et incluant une large consultation dans tous les rangs de l�arm�e burundaise.
Aux mouvements rebelles
Cessez imm�diatement toute embuscade et autre op�ration de gu�rilla visant les positions de l�arm�e burundaise ou la population civile et cesser toute relation avec les membres l�Arm�e de Lib�ration du Rwanda (ALiR).
Engager imm�diatement et sans conditions les n�gociations pr�alables � la d�claration d�une tr�ve afin de faciliter l�acc�s des agences humanitaires aux populations d�plac�es.
Aux gouvernements de la r�gion : Rwanda, Ouganda, Tanzanie, R�publique d�mocratique du Congo.
Adopter une strat�gie de n�gociations claire en coop�ration avec la facilitation et cesser toute implication directe dans le conflit burundais.
Maintenir la pression politique et diplomatique sur l�ensemble des bellig�rants burundais afin que ceux-ci donnent des preuves concr�tes de leur engagement � faire aboutir le processus de paix, notamment la r�forme en profondeur des forces de d�fense et de s�curit�.
Nairobi/Bruxelles, 24 mai 2002
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