Le Nigeria montre de nombreux signes d'une crise imminente. Parni lesquels des tensions explosives entre les divers groupes ethniques; un déclin économique agravant les inégalités et la pauvreté un régime militaire autoritaire et très répressif; des violations des droits de l'homme très répandues; une corruption systématique.

A l'heure actuelle, le régime militaire en place à Abuja ne maintient l'ordre qu'en usant de mesures brutales pour écraser tout défi à son autorité et réduire au silence la dissidence. Toutefois, sans un minimum de tolérance, dans ce climat de privation économique, de clientèlisme, de corruption et de répression, il existe un risque réel que le mécontentement populaire déclenche des troubles conduisant à un désordre total, des flots de réfugiés et, dans le pire des cas une guerre civile d'une ampleur inconnue depuis la guerre du Biafra en 1968.

Une guerre civile ou ne serait ce qu'une agitation au Nigeria aurait un effet destabilisateur de grande portée sur la reste de la région d'Afrique occidentale. Le Nigéria est un géant parti les états d'Afrique. Sa population est en gros égale à celles de ses 15 voisins d'Afrique occidentale additionnées et représente le quart du total de la population Africaine. Sa puissance militaire et économique dépasse de loin celle de tout autre pays de la région. Il est partie prenante dans les structures économiques et de sécurité régionales (ECOWAS et ECOMOG). Le sort du Nigeria est donc très important à la fois pour ses voisins immédiats et pour l'Afrique dans son ensemble. Son effondrement aurait des conséquences bien au delà des frontières nationales, déclenchant des crises politiques, économiques, ethniques et humanitaires à travers l'Afrique de l'ouest.

ICG surveille les évênements depuis début 1996. En aôut 1996, l'organisation a publié un rapport comportant les résultats d'une étude de l'opinion internationale sur le Nigéria. L'étude englobait tous les premiers intéressés par une crise au Nigéria, y compris les gouvernements du Royaume-Uni, des Etats-Unis et d'Afrique du Sud, le Commonwealth, les Nations-Unies, l'Union Europénne, l'industrie pétrolière, les groupes d'opposition Nigérians, et des experts de Nigéria, des universitaires et des groupes menant campagne depuis l'étranger les résultats ont démontré le manque de réponse internationale cohérente et coordonnée aux évênements au Nigéria.

ICG croit que la solution pour sortir le Nigéria de la crise passe par une accentuation des pressions exercées sur le régime de Abuja depuis l'intérieur et l'exterieur du pays. Augmenter la renforcement du nouvement en faveur de la démocratie, des groupes d'opposition, des ONG locales et des médias. ICG encouragera et apportera son soutien à des initiatives existantes, à la fois gouvernementales et non gouvernementales dont la raison d'être est d'atteindre ce but. Cependant, ICG pense qu'il est tout aussi important d'accroitre la pression du dehors. C'est à ce niveau que l'organisation croit avoir le plus à offrir. En conséquence ICG développe actuellement un projet dont le but est d'aiguiser la volonté internationale d'accroitre la pression sur le régime Nigérian à travers une série de mesures limitées, ciblées, mais susceptibles d'être efficaces. En poursuivant cette action, ICG cherchera à construire un front international, large, puissant et uni en mesure d'endiguer la course du Nigéria vers la crise et de placer le pays sur un socle plus stable.